Cette fin d’hiver s’en est allé au pays d’En-Haut un ami, auquel je tiens à rendre hommage.
Claude Provencher était québécois et sa rencontre a été primordiale voici quinze années pour l’entreprise Randoline.
Laissez-moi vous la conter cette rencontre : j’étais cet automne-là à Gatineau, en face d’Ottawa, de l’autre côté de la rivière des Outaouais. Comme chaque année à cette époque je partais au Québec avec une fournée de topoguides Miam Miam Dodo et d’ouvrages sur Compostelle pour faire la tournée des librairies de la Belle Province. Je venais d’arriver sur le stationnement du centre d’achats où se trouvait ma prochaine librairie quand mon téléphone sonna. C’était un ami ânier québécois qui voulait me communiquer le téléphone d’une certaine Suzanne, qui voulait partir en France marcher avec un âne sur le chemin de Saint Jacques. J’avais le temps et rappelle donc la dénommée Suzanne, avec laquelle nous effectuons les présentations. Je lui suggère de se rencontrer lors mon périple puisque je me trouvais présentement dans son pays.
Elle me dit habiter la banlieue de Gatineau. Quelle coïncidence… Je lui propose alors de me rendre à son domicile par un coup de GPS.
Chose impossible, me répond Suzanne, car elle était partie magasiner dans un centre d’achats, qui était, vous vous en doutez, celui où je venais de stationner…
Je lui demande de préciser à quelle entrée de la galerie commerciale elle se trouvait. Son véhicule était tout exactement à 20 mètres du mien. Vous pouvez appeler cela du hasard, bien entendu… Le Québec c’est 3 fois la France et j’avais une chance sur 8 millions de la croiser.
Et c’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Claude, son mari, qu’une maladie orpheline avait cloué à l’âge de 15 ans dans un fauteuil roulant.
C’était au moment où nous développions le prototype de la Randoline (devenue depuis l’Escargoline) et nous nous posions plein de questions sur la manière de répondre au handicap avec notre petite machine. Avec ses mots, Claude a su nous expliquer la terrible réalité du handicap, la souffrance permanente qu’engendre l’immobilité, les contraintes en matière d’hygiène, la fatigue qui ne cesse jamais. Avec ses conseils, nous avons amélioré une foule de détails sur notre petite machine à donner du bonheur et ça a marché. Cerise sur le gâteau, Claude a pris l’avion pour venir jusque dans le fin fond du Lot tester en réel la machine.
Nous n’oublierons jamais ce que Claude a fait pour notre petite entreprise. Que son chemin soit désormais inondé de lumière.
A nous revoir, l’ami Claude.
Et courage à sa compagne Suzanne que nous accueillerons encore volontiers si elle reprend le chemin des vieux pays pour suivre de nouveau les traces de monsieur Saint Jacques.
Jacques Clouteau